Anathema

I've lost my mind.

http://anathema.cowblog.fr/images/Sanstitre1-copie-1.jpgA cet instant elle comprend que la vie ne se résume à rien. Qu'il faut simplement regarder les gens autour de soi pour trouver ce bonheur inconditionné. Cet homme là-bas qui tient la main à cette petite fille qui rit au éclat. Cette femme absorbée par son roman. Ces jeunes qui parlent comme si le monde leur appartenait. & cette fille, au milieu de tout cela qui ne sait plus quelle direction prendre. Mais elle voudrait que tout continue, que le jour ne se lève plus, que ce bonheur ne cesse jamais. & elle respire de cette instant si merveilleux, en accord avec le temps, avec l'air, avec la musique, avec les gens, avec cet oiseau, avec l'amour, avec le ciel, avec la nuit, avec les mots, avec le vent. Avec le monde. Finalement elle se met à rire comme ça sans raison particulière, elle en pleurerait presque tellement elle est heureuse, tellement elle a changé. Puis elle ferme à son tour les yeux pour sentir de tout son être cette sensation si parfaite. C'est la première fois de sa vie qu'elle se sent vivante ...
 

"T'es vraiment une belle personne."




 
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J’avais l’air ridicule, barbouillée de rouge à lèvres, avec ma robe rose & ma couronne dorée. Je lisais des histoires, le soir. Ces histoires de princes qui viennent arracher des princesses à leur monde trop sombre. Alors, moi, comme une conne, j’attendais qu’il vienne ce foutu prince. Le cou droit, l’allure fière, je voulais être la plus belle lorsqu’il se pointerait. Parce que forcément, il devait arriver un jour. Mais je me disais bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Les princesses, sans Roi, ça n'existe pas. Le Roi se comportait mal & la Reine, dépassée par les évènements, reportait sur moi tout ce qu’elle n’avait pas pu faire. Elle me haïssait, je crois. Moi, l’enfant traître, fruit de son déséquilibre. Le Roi, il n'est pas méchant à cause des princesses dans l’histoire. Mais là, c'était à cause de moi. Je crois. Alors, pour me rassurer, je jouais à la princesse, enfilant ces guenilles & ces chaussures à talons, trois fois trop grandes pour mes petits pieds. Je me disais qu’un jour, un prince allait venir me délivrer de cette prison, naïvement. Je me suis cassé la gueule bien des fois, trébuchant sur mes robes, perdant mes chaussures en leur courant après. Je pensais qu’il arrivait, enfin. & puis, en fin de compte, ma couronne s’est détériorée & il n’est jamais venu. Ce qu’on m’avait pas dit, c’est que c’est pas un monde pour les princesses.  Que ces histoires, elles sont juste faites pour que les petites filles se raccrochent à la vie. Les petites filles qui ont perdu espoir. Que si tu joues la fille douce, sensible & fragile, ils te feront mordre la poussière. Que si tu les laisses t’approcher, que si tu les laisses te toucher, ils feront ce qu'ils voudront de toi, & qu’ils te laisseront morte, là, dans le fossé. Non, ce n’est pas un monde pour les princesses. Ce n’est pas un monde pour les petites filles paumées qui n'attendent qu’une chose : se faire aimer. Elles se feront anéantir le cœur, le corps, l’esprit. & puis, il faudra tout reconstruire. Mais reconstruire avec quoi ? Il n'y a plus rien que des barrières, quelques parpaings égarés pour construire des barricades afin de se protéger du premier qui osera approcher. Il n'y a plus rien que de la violence, du sang, de la haine. Il n'y a plus d’amour. Non, il n'y a plus d’amour. Y en a-t-il eu un jour ?

Ce n’est pas un monde pour les princesses. 
Soit. Je serais la Reine.




 
http://anathema.cowblog.fr/images/Sanstitre-copie-5.jpg"La question rituelle du matin.
Comment te sens-tu aujourd'hui ?
"Bien, bien, tranquille, déterminé, attentif, volontaire. Que du plus !"
Janet sourit, elle a dû en voir défiler des alcoolos, des paumés qui lui tendent les bras, perdus, éperdus, et sous le regard voilé de lassitude, la dernière étincelle. Celle qui dit : "Je veux y croire, ça va marcher hein ?"
Et l'on y croit tous au sourire de Janet qui s'illumine à chacune de nos paroles lorsqu'elles signalent un pas, un premier pas, vers le salut."



Elle marchait dans la rue en voyant le temps défiler sous ses yeux mais sans s'en soucier réellement. Il faisait beau, les gens souriaient sans raison particulière. Elle ne souriait qu'à moitié, elle connaissait bien trop ces belles journées de chaleur, où tout le monde avait l'air heureux, où on avait l'impression que cette fois ci le beau temps resterait. Oui elle les connaissait ces journées bien trop belles, bien trop parfaites. Alors non elle ne souriait pas vraiment, pas comme les autres, pas inconsciemment.
Vous voulez que je vous dise la vérité ?
Elle déteste le bonheur, les sourires & les paroles en l'air. Oui elle déteste voir les gens heureux, elle les trouve débiles avec leur sourire collé sur la gueule & leur bonheur qu'ils affichent à tout le monde, ils sont si égoïstes. & pourtant elle aussi était comme ça avant, à rire sans raison valable, à montrer son bonheur aux autres. Combien de fois s'était-elle retrouvée à sourire à la foule des recalés de la vie ? Combien de fois s'était-elle retrouvé à se rouler dans l'herbe en plein soleil ? Les petits plaisir de la vie, cette vague de chaleur qui traverse tout le corps, elle aussi l'avait connue. Mais aujourd'hui chaque minute, chaque seconde est un supplice, une souffrance perpétuelle, sans fin. Elle se sent fatiguée, usée, détruite, rejetée. Elle a l'impression que son coeur, son estomac, ses poumons se détruisent en millier de petites parcelles.
Alors pour oublier, effacer, masquer, cacher cette peine, il lui faut son petit bout de paradis qui la détruit, une dose. De l'héroïne de préférence, si elle n'a pas assez d'argent tant pis ce sera de la coc', du LSD, du shit ou bien de la kétamine. Une seringue, une dose, & elle plonge. Alors elle se laisse porter, couler... Elle ne sent plus la douleur.
Comme un blessé prendrait de la morphine, elle, la camée, prend de l'héroïne.
Elle s'en doute, elle le sait que ça la détruit petit à petit, un peu plus à chaque seringue plantée dans le bras. Mais elle s'en fout, elle n'y pense même plus, ça lui est égal.
C'est dans ces moments là qu'elle sourit aux autres, les gens heureux, vous savez, quand elle n'est plus vraiment elle-même. Qu'elle se retrouve comme eux à sourire sans raison particulière ou alors peut être parce qu'elle est bien.
& puis il y a Lui. Lui, elle le déteste, elle le hait, à un point que vous n'oseriez même pas imaginer, à un point indescriptible. Dès qu'elle le voit c'est comme si le monde s'écroulait sous ses pieds, un mal être lui colle à la peau & son corps entier souffre, elle en hurlerait presque de douleur. Si elle pouvait le tuer ? Elle ne le ferait même pas, elle ne pourrait pas, parce que le problème c'est qu'elle l'aime autant qu'elle le hait.
Elle le déteste parce qu'il l'a détruite, parce qu'elle n'est plus vraiment elle-même depuis qu'elle le connait, & ça lui fout la trouille de ne pas se reconnaître & de se dire, rien qu'une seconde, qu'elle pourrait être heureuse. Elle ne veut pas redevenir comme ces gens qu'elle méprise tant. Elle ne veut pas ce sourire à la con collé sur sa gueule de camée. Elle a peur de se perdre comme elle s'est déjà perdue, & de ne pas se retrouver. Elle n'y comprend plus rien, elle explose, elle réfléchit trop ... Elle n'a pas envie encore un fois de se retrouver comme toute cette bande de cons, qui ne savent pas ce qu'ils veulent, ni qui ils sont, qui se laissent porter par la vie, les yeux bandés & les mains liées dans le dos.
Un peu comme elle en réalité, mais elle ce n'est plus la vie, c'est la drogue & l'espoir de ne plus espérer qui la portent. & qui la tuent ...


 
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Présentation de la Trilogie

 

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes


Le premier roman de la trilogie est paru en Suède en 2005. Le titre original est: "Män som hatar kvinnor" ("Les hommes qui haïssent les femmes"). Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain.
Chaque année depuis quarante-quatre ans, un vieil homme reçoit à son anniversaire une fleur séchée dans un joli petit cadre, un envoi évidemment anonyme ; tous ont été accrochés à un mur de son bureau. Et, chaque année, il téléphone immédiatement à un commissaire à la retraite pour lui confirmer le message reçu. Quel message ? De qui ? Pourquoi ?

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Mikael Blomkvist est un journaliste économique qui écrit dans le magazine Millénium, dont il est copropriétaire. Parce qu'il n'a pas étayé sérieusement ses informations lors d'une enquête journalistique, il est assez lourdement condamné pour diffamation envers une des personnalités les plus en vue de l'économie suédoise, le multimillionnaire Hans-Erik Wennerström. Son manque de professionnalisme dans cette affaire reste inexpliqué. Alors qu'il va prendre de la distance avec sa vie et son métier – et aussi pour aller purger une peine de prison ferme –, une des figures majeures de l'histoire de l'industrie suédoise, Henrik Vanger, lui confie un travail de la plus haute importance, officiellement écrire une biographie de l'histoire de la puissante famille Vanger. En fait, la véritable mission de Blomkvist concerne un meurtre non élucidé depuis plus de quarante ans, celui de la petite nièce préférée de Henrik, Harriet Vanger, disparue à l'âge de seize ans. Pour compléter le mystère et susciter la curiosité de Blomkvist, Henrik est provoqué chaque année par un expéditeur anonyme qui lui fait parvenir une fleur sous cadre. De plus, la famille Vanger, riche d'une soixantaine de personnes, semble cacher bien des haines et des secrets. Tous ces éléments sont attrayants et Blomkvist accepte la proposition de Henrik Vanger, aussi parce que celui-ci s'est engagé à lui confier des informations sensibles sur Wennerström, avec lesquels une vengeance sera possible. Lisbeth Salander est une jeune femme de vingt-quatre ans, plutôt étrange, en total déphasage avec la société dans laquelle elle vit ainsi qu'avec sa famille; elle a été placée sous tutelle. Mais Lisbeth possède un don exceptionnel, découvrir des informations introuvables par des moyens connus d'elle seule. Elle travaille d'ailleurs en freelance pour une société active dans le domaine de la sécurité et est engagée comme assistante auprès de Mikael dans le cadre de la mission confiée par H. Vanger. Tous ces personnages seront amenés à se croiser dans une enquête qui va révéler beaucoup plus que ce à quoi chacun s'attendait ...

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette


Ce roman est le second tome de la trilogie Millénium.

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Tandis que Lisbeth Salander profite de sa nouvelle fortune, Mikael Blomkvist gère son magazine économique Millénium qui grâce à l'affaire Wennerström bénéficie d'une très bonne réputation. La rencontre entre Blomkvist et Dag et Mia, un journaliste free lance et une thésarde, sur le sensible et sulfureux thème du commerce du sexe entre la Suède et les Pays baltes décide Millénium à publier sur le sujet. Dag et Mia sont retrouvés assassinés à leur domicile, juste après une conversation téléphonique avec Blomkvist évoquant de nouvelles découvertes. Les empreintes digitales sur l'arme du crime ne laissent aucun doute à la police sur la responsabilité de Lisbeth Salander... dont le tuteur Bjurman est également découvert assassiné chez lui. Lisbeth se cache dans son nouvel appartement, la police traque selon les médias une "psychopathe mentalement dérangée et sataniste", Lisbeth entraîne malgré elle ses amis dans une tourmente violente et meurtrière où chaque protagoniste trouve une place au plus près de Lisbeth et de son histoire, commencée 14 ans plus tôt dans le sang et la violence la plus abjecte. Elle n'hésite pas à se sacrifier pour mettre un terme à une série d'affaires mêlant l'État lui-même et conclure son histoire dramatique en traquant un nouvel homme qui n'aimait pas les femmes ...



La reine dans le palais des courants d'air


La Reine dans le palais des courants d'air
est le troisième roman de la trilogie Millénium.

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Tandis que Lisbeth est en convalescence à l'hôpital, Mikael poursuit l'enquête pour savoir qui, dans les services de l'État, a cherché à nuire à Lisbeth Salander et dans quel but.



Mon avis personnel

Retenez bien son nom & son prénom. Lisbeth Salander, 25 ans, 1m42, nationalité suédoise, signes particuliers : hacker de génie & sociopathe.
Lisbeth qui est en passe de devenir une figure culte dans l'univers du polar, est l'héroïne de la triologie "Millénium", écrite par un journaliste suédois, Stieg Larsson. 2000 pages de pure délectation pour les accros au polar comme moi & des milliers d''autres qui cherchent frénétiquement de quoi meubler leurs nuits blanches.
L'auteur, un jeune quinqua spécialiste des affaires économiques & fondateur d'une petite revue, est mort d'une crise cardiaque aprés avoir remis les trois tomes à son éditeur. Il parait qu'un ultime tome se trouve dans son ordinateur, mais celui ci ayant été légué à la famille Larsson au profit de sa compagne, il ne sera jamais publié ... Bref, encore une bonne raison de faire de ce Millénium un ouvrage culte.
Pour en revenir à Lisbeth, elle partage la vedette, dans la trilogie, avec Mikael Blomkvist, un journaliste fouineur comme il se doit de 50 balais, fondateur de la revue "Millénium" beau gosse & grand séducteur : les femmes lui tombent toutes dans les bras & commme on est en Suède, les relations doubles, triples au vu & au su de tous les intéressés ne posent aucun problème. D'ailleurs Lisbeth va tomber amoureuse de lui, mais il n'en saura rien (du moins, c'est ce que les romans laissent en paraître, ce qui est plus ambigü dans les films qui en sont tirés). Elle, c'est un avatar de Fifi Brindacier, l'héroïne suédoise des enfants, en tous cas la mienne quand j'avais 10 ans.
Fifi, imaginée par l'écrivain Astrid Lundgren devenue une star en Suède, est une petite fille dotée d'une force herculéenne , qui vit seule avec ses animaux. Son papa, capitaine au long cours, lui a laissé en héritage, outre sa force physique qui est une particularité familiale, beaucoup d'argent avec lequel elle peut faire ce qu'elle veut. Autrement, elle se débrouille comme elle peut & résout pas mal de problèmes avec sa tête & ses muscles.
Quand j'étais enfant, Fifi était mon héroïne consolatrice. Je me disais que si j'avais ne serait-ce que une dixième de sa force, de son ingéniosité & de ses pièces d'or, rien ne pourrait m'arriver.
Lisbeth est une Fifi moderne. Elle a eu une enfance atroce, a été classée "débile" par la société & même carrément psychotique alors qu'elle est géniale. D'ailleurs elle a mis tout son QI qui n'est pas mince au service de sa survie. Résultat, elle est devenue un hacker de génie, capable de pirater en quelques secondes n'importe quel ordinateur, n'importe quel compte en banque, n'importe quel dossier informatique classé ultra secret & protégé par des milliards de codes. Elle adopte également une attitude marginale & battante. Bien obligée : il lui a au moins fallu tout ça pour survivre dans ce monde de dingues qui a failli avoir sa peau plus d'une fois.
Voilà exactement ce qui est touchant chez elle. Cette force et cette détermination dans la survie, malgré son apparente fragilité physique & mentale. Son intelligence, sa façon de mémoriser un texte après l'avoir lu une fois, sa rapidité, ses facultés d'adaptation, & son esprit de vengeance. Elle n'oublie jamais le mal qu'on lui a fait (ses ennemis en savent quelque chose ...) & elle ne supporte pas qu'on brutalise ou martyrise les femmes : sa mère a été une victime de la violence masculine. J'aime aussi ce féminisme actif, cet humour. & sa dégaine de bande dessinée.
Ne croyez pas pour autant que "Millénium " ne vaut que par Lisbeth. Mikael, surnommé Super Blomkvist, du nom d'un autre héros de Astrid Lundgren (on voit que l'auteur revisite les codes de la littérature enfantine qui a du le bercer quand il était petit, &, tel un petit Poucet, il nous lâche des indices tout le long des pages). Mikael, donc, est aussi un type formidable. Je soupçonne Stieg Larsson dont on peut voir le visage dans la presse, de lui avoir donné ses propres traits. Mikael, en bon investigateur, ne lâche jamais le morceau dans une enquête, même quand sa vie est en danger (celle de Larsson l'a été plus d'une fois, c'est pour cela qu'il ne s'est jamais marié & n'a jamais eu d'enfants). Il dénonce inlassablement les tares d'une société suédoise empêtrée dans les mensonges, capable de sacrifier certains de ses citoyens au nom d'une soi disant sécurité d'état.
Dès que vous commencez à lire le premier tome de Millénium, "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes", vous êtes fichus. Vous ne le lâchez plus. Après, il y en a deux autres : "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence & d'une allumette" & "La reine dans le palais des courants d'air". Les titres déjà : un vrai poème.
Je rends grâce à Françoise Nyssen, l'éditrice, pour son flair. & à l'une de mes proches connaissances pour m'avoir, le premier, parlé de Millénium.
 

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