C'est une femme à laquelle je tenais qui m'a dit cela un jour. Cette idée sortait d'un poème ou d'une chanson, je ne sais plus trop. Cela signifiait que si l'on prend quelque chose à cœur, si on l'enferme véritablement dans ses plis & replis comme du velours rouge, toujours cette chose reste présente. Que quoi qu'il arrive, elle y demeure. Y demeure & attend, mais ne sommeille jamais. Il pouvait s'agir d'une personne, d'un souvenir ou d'un rêve. N'importe quoi, pourvu que cette chose soit sacrée. A l'entendre, dans les plis & les replis du cœur, tout est lié. Cela fait partie du tout qui nous compose & qui ne disparaîtra qu'avec nous. Moi aussi, je crois en cette idée. C'est la nuit, lorsque je ne parviens pas à trouver le sommeil, que je le sais le mieux. Tous les chemins semblent se rejoindre. Mais, par dessus tout, j'entends cette chose qui bat en moi. Alors, dans ces instants, je sais qu'il n'est pas de fin aux choses du cœur."Tout le monde a des secrets. Il s'agit simplement de découvrir lesquels".
J'aime mettre la tête sous l'eau, & ne plus rien entendre, si ce n'est seulement le battement régulier de mon cœur. Pourquoi ne peut-on pas respirer sous l'eau ? Pourquoi est-on obligé de respirer pour vivre ? Je me demandais si dans sa vie, il avait dit un mot de vérité, mais je le croyais. C'était plus fort que moi. J'étais comme une femme ivre. Les mots sortaient tout seul de ma bouche. Ils s'échappaient avant que je n'ai eu le temps de les rattraper. Je me sentais perdue, comme si une autre femme avait pris le contrôle de mon corps. Le temps s'était arrêté, il ne s'échappait plus comme un vulgaire voleur de pommes. La terre s'était arrêtée de tourner, avait arrêté sa course folle autour du soleil pour ne pas être en retard. Il ne restait que le mélange de deux exilés dans un monde inconnu. L'envie de deux solitudes qui s'accroche l'une à l'autre. Le bonheur n'était pas prévu dans mon agenda. Je ne l'attendais pas. En tout cas, pas sous cette forme. Le bonheur s'en va si vite. On ne le voit pas souvent, On ne le touche que très rarement. J'ai toujours aimé courir après les fantômes. J'ai toujours aimé y croire.
Je vais bien. Tout va bien. L'être humain n'est pas mauvais. Il n'y a pas de crise. Je ne suis pas dans une situation de précarité économique. Je ne suis pas dans une situation de précarité amoureuse. 
J'ai beau me défiler, il est là. Il dort juste à côté de moi & je ne peux m'empêcher de me dire que c'est lui, qu'il n'y en aura pas d'autre. Mais j'ai tellement peur d'y croire. C'est bête, mais ça a l'air trop facile. J'ai l'impression de ne pas assez encaisser avec difficulté, & que quelque chose va forcément arriver. Cause I’m a fool. A fool for you. J'ai grandi trop vite. D'un seul coup la vie m'est apparue en pleine face comme je ne l'avais jamais vue. & lui est trop brillant au milieu de tout ça, alors je ne sais pas ce que je dois réellement penser. Peut être simplement arrêter de penser justement. & me dire que parfois la vie est juste ... belle ... & puis j'ai trop abandonné. Je me suis cassée trop souvent, mais aujourd'hui je veux rester. Je veux le regarder dans les yeux & lui dire que je suis enfin réellement là, que je ne me sauverais plus, & que ma vie lui appartient enfin entièrement. Je tremblerais sans doute, mais il mettra ses bras autour de moi & tout ira mieux ...
Lorsqu'il m'a demandé "Mais pourquoi tu veux pas rencontrer ta famille ? Tu veux pas savoir d'où tu viens ?" Je l'ai regardé l'air dubitatif. Un silence s'en est suivi puis je suis partie dans un fou rire incontrôlable. Voyant son air interloqué, je me suis empressée de lui répondre. "C'est dingue cette norme sociale qui pèse. Il faut avoir une famille, il faut la voir, l'aimer. Mais je les connais pas ces gens. Je m'en fous de ma famille. J'ai rien en commun avec eux, je n'ai rien à leur dire." J'ai étouffé la phrase qui suivait "Je n'ai même rien à vous dire, vous que je connais." J'ai vu cet air déçu dans son regard, alors, j'ai poursuivi mon monologue intérieurement. Il m'a regardé l'air rieur.